Le père Noël des transactions
Avis à tous les gérants d'estrade qui aiment se retrouver entre amis et discuter des transactions que pourrait effectuer Bob Gainey pour améliorer son équipe. Le directeur général des Maple Leafs Brian Burke s'ennuie autant que vous des transactions du genre : Éric Lindros aux Flyers en retour de Peter Forsberg, Ron Hextall, Chris Simon, Mike Ricci, Kerry Huffman, Steve Duchesne et 2 premiers choix au repêchage en plus de 15 000 000$ aux Nordiques.
La dernière fois que le Canadien a procédé à une transaction qui impliquait au moins un joueur actif par formation de la Ligue nationale, ce fut il y a 2 ans. Le Canadien envoyait Craig Rivet aux Sharks de San Jose en retour du défenseur Josh Gorges, c'était le 25 février 2007.
On a beau parler de possibilité de transaction jusqu'aux petites heures du matin, la réalité, c'est que les transactions ont disparu depuis l'arrivée de la nouvelle convention collective. Une des seules journées de l'année où les transactions ont toujours lieu s'en vient à grands pas. Le 4 mars prochain, c'est la date limite des transactions.
«Il y a une chose que je sais, n'importe quel directeur général pourra vous le dire : il n'y a plus de transactions d'impact dans le hockey. Les transactions étaient une partie importante de notre façon de faire des affaires et de vendre notre sport. Les rumeurs, le buzz que peut créer une transaction, les stations de radio qui parlent des possibilités de transactions, tout ça, ça fait vendre des billets. Aujourd'hui, ça n'existe plus à moins d'être rendu à la date limite des transactions. Pour les directeurs généraux qui aiment le système actuel, je crois qu'ils ne sont pas attentifs à la situation.»
Burke espère pouvoir ramener les transactions dans la Ligue nationale en présentant un projet aux autres directeurs généraux du circuit lors de la prochaine rencontre des dirigeants au mois de mars prochain. D'ailleurs, ce sera la 2e fois que Burke tentera de convaincre ses paires d'adopter son idée.
La Ligue nationale de hockey est le seul circuit professionnel qui possède un plancher et un plafond salarial fixe et des contrats garantis. Pour cette raison, il est devenu pratiquement impossible d'effectuer des transactions puisque les équipes ont adopté une politique les empêchant d'échanger un joueur en absorbant une partie de son salaire.
«Je voudrais que l'on permette aux équipes d'échanger un joueur et d'absorber une partie de son salaire. Bien sûr, le montant X devra demeurer sur la masse salariale de l'équipe qui liquide le joueur. Je crois qu'il y a plusieurs directeurs généraux qui supportent mon idée, mais c'est la Ligue nationale qui est contre. Ils disent qu'ils ne veulent pas voir d'argent mort dans le système.»
Par argent mort, Burke parle d'argent qui demeurerait sur la masse salariale d'une équipe pendant que le joueur évolue pour une autre équipe.
«Lorsque j'ai présenté le projet pour la première fois il y a 2 ans, je n'avais pas proposé de mettre un montant maximum qui pourrait être absorbé. Cette fois-ci j'ai l'intention de le faire. Disons un maximum d'un million par transaction et 4 millions $ au total par année pour chaque équipe sur la masse salariale. Ceci permettrait de voir une certaine augmentation de transactions. Pour ceux qui sont contre mon idée, je ne veux pas les traiter de stupide, car ce serait injuste, mais je crois que plus les années passent plus les directeurs généraux se rendent compte que c'est une idée incontournable. Tout ce que je dois faire c'est de continuer à en parler et éventuellement ça va passer.»
En effet, certains directeurs généraux s'opposent à cette idée indiquant que ça n'avantagerait que les équipes à gros marché.
«Si j'avais à choisir, je garderais ça comme c'est là», m'avait indiqué le directeur général des Panthers Jacques Martin.
Chez le Canadien, Julien Brisebois semblait être lui aussi d'accord avec cette théorie. «Je crois que les directeurs généraux doivent être responsables de leurs actions. On ne doit pas les aider à contourner le système.»
Mais en réalité, il est faux de croire que l'idée aiderait seulement les équipes à petit marché. Prenons par exemple la cause de Maple Leafs. Si Burke est prêt à payer une partie du salaire de Vesa Toskala et de Nik Antropov, une équipe à petit marché comme les Panthers, qui cherche par tous les moyens de faire les séries, pourraient mettre la main sur un joueur de qualité à rabais. Par ailleurs, plusieurs petits marchés ne peuvent plus se permettre de vivre avec les erreurs de leurs directeurs généraux. Sans l'instauration de cette idée, certaines d'entre elles ne survivront pas.
«Lorsque j'ai proposé cette idée pour la première fois, j'étais avec les Ducks et nous étions une équipe à petit marché, donc je crois que l'idée pourrait avoir des effets positifs sur les équipes à petit marché. En fait, c'est vraiment une idée qui est neutre et qui n'avantagera pas nécessairement certaines équipes plus que d'autres. D'un côté, tu peux obtenir des joueurs à rabais et de l'autre côté ça permet à des équipes d'échanger des joueurs qui ne font plus partie des plans de l'équipe.»
Les équipes qui se retrouvent dans des marchés difficiles pourraient aussi procéder à des reconstructions plus rapides. Certaines équipes ne peuvent malheureusement plus se permettre de reconstruire sur une période de 5 ans. En échangeant leur bois mort, ils pourront entamer leur reconstruction plus rapidement.
Parmi les équipes qui se disent en faveur du projet, on retrouve le nom de l'ennemi juré de Burke Kevin Lowe.
«Même si moi et Brian ne sommes pas des amis, je dois avouer que j'aime l'idée. Je crois que ça pourrait faciliter les transactions, chose qui est pratiquement impossible à bâcler présentement.»
Le directeur général des Hurricanes Jim Rutherford s'est aussi dit en faveur du projet.
«Je crois que c'est une nécessité. Ceux qui s'opposent à mon idée je leur dirai ceci : présentement le seul sujet de conversation dans la Ligue nationale, c'est qui sera le prochain entraîneur-chef congédié. Je voudrais savoir si ça va faire vendre des billets.»
Burke est d'accord pour dire que présentement, il y des équipes qui sont prises avec des joueurs qui en ont ras le bol de leur situation. Pensons simplement au cas de Sergei Samsonov avec le Canadien. Samsonov avait demandé une transaction, le Canadien était disposé à l'échanger, les partisans ne voulaient plus le voir et malgré tout ça, Bob Gainey était incapable de bâcler une transaction. Il a dû accepter de prendre Jason Cullimore et Tony Salmelainen, pour ensuite racheter leurs contrats aux 2/3 pour pouvoir passer Samsonov aux Blackhawks. D'ailleurs, les salaires sont toujours sur la masse du Canadien deux ans plus tard. C'est compliqué un peu comme tour de passe-passe pour échanger un joueur du calibre de Samsonov, non?
La bonne nouvelle pour Burke, c'est que l'Association des joueurs est en faveur de son idée, le président Paul Kelly en a parlé il y quelques semaines lors de son passage à Montréal.
«C'est sûr que pour nous, tout ce qui peut faciliter les transactions, on est en faveur. Nous ne voulons pas nous retrouver avec des joueurs qui ne sont pas heureux dans leur situation et que l'équipe ne peut trouver le moyen de les échanger.»
Une chose est certaine, Burke, qui a récemment varlopé son gardien Vesa Toskala dans les médias en plus d'avoir dit qu'il n'avait pas l'intention de garder Nik Antropov à Toronto, risque d'être un des directeurs généraux les plus occupés d'ici la date limite des transactions. Espérons que son idée sera bien accueillie au mois de mars prochain pour que l'on puisse continuer à parler de transactions tout en espérant qu'elles se réalisent vraiment.
Mer 11 Fév - 23:35